



























Une explosion pneumatique se produit vers 16 h dans une usine pyrotechnique spécialisée dans la fabrication de poudre de chasse et de tir sportif à base de nitrocellulose. L’événement a eu lieu pendant une opération de sciage sur une conduite d’aspiration (tube vertical inox de 80 mm de diamètre), localisée dans le local extracteur d’un bâtiment de production. Au moment de l’accident, le site est en arrêt technique annuel, période mise à profit pour réaliser divers travaux de maintenance, après nettoyage des ateliers et des installations. Une intervention technique programmée, consistant en la dépose d’une cuve de colorant (utilisé pour la coloration de la poudre) suite à son remplacement par 3 nouvelles cuves, vient d’être achevée par une société extérieure. A la mise hors service de cette ancienne cuve, la tuyauterie d’aspiration de l’air située à son aplomb est rendue inutile. L’explosion est survenue sur cette portion de tuyauterie alors qu’un opérateur était en train de la tronçonner manuellement à l’aide d’une scie à métaux, pendant qu’un autre opérateur en assurait le noyage par l’extérieur.
La forte surpression associée à l’explosion a entraîné la projection de nombreux débris métalliques dans le local et la rupture de plusieurs parties fragiles du réseau d’aspiration (ouverture de clinquants métalliques montés sur bride et de plusieurs parties flexibles du réseau). Les 3 opérateurs présents dans le local (2 salariés, 1 intérimaire), dont 2 intervenaient en hauteur sur des échelles placées de part et d’autre de la conduite, sont gravement blessés et transférés à l’hôpital. Deux d’entre eux sont brûlés au visage par le flash et l’éclatement pneumatique de la conduite. Le 3ème, atteint au bras par la projection d’éclats métalliques, doit être amputé.
Le bâtiment est refroidi à l’aide des moyens en eau de l’entreprise. L’explosion n’est pas suivie d’un incendie et n’entraîne pas d’explosion secondaire. Suite à l’accident, les travaux et les interventions des entreprises extérieures sont suspendus. Le nettoyage et la décontamination des locaux sont effectués. L’activité du site redémarre quelques semaines plus tard.
Des résidus de poussier pyrotechnique (substance jaunâtre à texture poudreuse) sont retrouvés sur les fragments métalliques de la conduite arrachée, au sol de l’atelier et à l’extérieur de l’atelier, dans l’axe du clinquant qui s’est ouvert. Ces constats indiquent que la conduite n’avait pas été correctement lavée lors des opérations préalables de rinçage. Il n’y a pas eu non plus de vérification de l’efficacité de ce nettoyage. L’explosion pourrait avoir été provoquée par l’ignition des résidus de poussier pyrotechnique accumulés à l’intérieur de la conduite. Les opérateurs ont en effet utilisé une méthode inadaptée pour le retrait de la tuyauterie en ayant recours à un sciage manuel à la scie à métaux, qui génère un point chaud, plutôt qu’à un coupe tube. L’accident serait ainsi lié à l’échauffement généré par la friction de la lame de la scie à métaux sur la tuyauterie d’aspiration inox.
L’opération de découpe était non programmée. Elle a été décidée sur le moment par les opérateurs de l’usine, pour une raison inconnue, dans le non-respect des procédures en place (notamment procédure sur les interventions sur corps creux ayant contenu des produits pyrotechniques et procédure sur les mesures préalables avant intervention sur matériels contaminés). Elle n’avait fait l’objet ni de permis d’intervention, ni de permis de feu, ni d’une validation par un cadre. Le jour de l’accident, le directeur du site, son adjoint, le responsable du service sécurité et la directrice industrielle étaient en congés.
Avant le redémarrage, une information à l’ensemble du personnel a lieu sur l’importance du respect des procédures d’intervention et du nettoyage préalable. Des réflexions sont en cours chez l’exploitant sur la modification des procédures visant à garantir la sécurité des installations ainsi que sur le renforcement de l’encadrement en périodes critiques. Elles seront intégrées au SGS de l’usine. Les formations dispensées au personnel incluront dorénavant un module relatif au comportement humain et aux moyens d’éviter les erreurs. Par ailleurs, l’exploitant prend en compte dans ses analyses des risques les phénomènes dangereux résultant de la présence potentielle de poussier dans les corps creux.
En décembre 2004, un accident (ARIA 28707) ayant pour origine une opération similaire de découpe de tuyauterie avait conduit l’exploitant à revoir la forme de son permis d’intervention en y ajoutant une rubrique « découpe de corps creux » et en prévoyant systématiquement un permis de feu pour toute intervention avec point chaud/suspicion de point de chaud ou d’un échauffement en milieu contaminé.
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