Pollution
Humain
Environnement
Economique

Observant des fumées jaunes à la cheminée d’une unité de séchage en aval du granulateur d’une usine d’engrais, un employé alerte un opérateur en salle de contrôle. Le ventilateur d’extraction de l’atelier est stoppé à 10h30 pour limiter les rejets gazeux nitrés et chlorés qui envahissent alors l’atelier. Un opérateur incommodé est hospitalisé quelques heures par précaution. Le POI est déclenché à 10h58, les pompiers interviennent à 11h10. Le sécheur est démarré et noyé, l’incident est maîtrisé à 12h34. L’appareil est vidangé, les eaux d’extinction sont collectées dans une cuvette de rétention, les boues récupérées étant recyclées dans la semaine. Quelques centaines de kg de granulats se sont décomposées ; les 20 t de charge sont recyclées dans la nuit.

La décomposition thermique s’est produite dans un sécheur, tube rotatif alimenté en air chaud par un générateur au gaz naturel de 7 MWh, contenant 20 t de granulats sur lesquelles est pulvérisée une bouillie de phosphate d’ammonium obtenue par réaction chimique entre de l’acide phosphorique (H3PO4) et de l’ammoniac (NH3). L’exploitant envisage une surchauffe accidentelle, l’engrais NPK 11-11-32 n’étant pas sujet à décomposition auto-entretenue (DAE). L’unité était à l’arrêt pour maintenance d’un transporteur à chaînes. Les consignes opératoires auraient été respectées pour cette intervention, la boucle de granulation contenant de la matière sèche, le brûleur étant réglé au minimum (35 %) et le tambour-sécheur n’étant plus en rotation.

A la suite d’une température de production trop haute (> 300 °C), la température « entrée sécheur », également anormalement élevée, a dépassé celle de début de décomposition de l’engrais sec (> 170 °C). Ce déséquilibre thermique est dû à l’utilisation d’un H3PO4 à 38 %, plus dilué que la normale (53 %). Avec une bouillie riche en eau à évaporer, la température des gaz en sortie du réacteur régulée à 110 °C a diminué, celle de l’air de séchage augmentant automatiquement en compensation jusqu’à 300 °C en dépassant ainsi les 240 °C habituels. Aucune alarme ne s’est activée, la valeur de 300 °C restant inférieure au seuil de 370 °C des sondes de température « entrée air chaud ». Le sécheur a ensuite mis plus de temps pour se refroidir.

La dilution de l’acide résulte d’un incident 10 jours plus tôt impliquant les 3 réservoirs d’H3PO4 de l’unité, 2 d’acide à 53 % et un d’acide dilué (< 30 %) corrodé. Sa virole fuyant à 1,5 m du fond, son contenu avait été transféré dans les 2 autres réservoirs diluant ainsi l'acide utilisé en fabrication.

L’exploitant modifie ses standards de fabrication en intégrant un seuil d’alarme « température entrée air chaud » adapté à chaque fabrication (260 °C pour les engrais ammonitratés), ainsi que sa procédure d’arrêt maintenance en spécifiant les contrôles et seuils de température liés aux étapes nécessaires à l’arrêt de l’installation et une fiche réflexe POI pour interdire l’arrêt de la ventilation en cas d’émission de gaz toxiques.

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